Un président venu d'on ne sait trop où, de Wall Street et de son contraire (car on parle de son côté populiste), va bientôt rebrasser les cartes, avec tout ce que cela suppose de hasard propre à ce genre de jeu. Droite, gauche, centre, on ne sait plus sur quel pied danser.
Sans même attendre le départ son prédécesseur, Barack Obama, départ qui doit se faire officiellement le 20 janvier avec la prestation de serment du nouveau président, Trump est déjà à l'œuvre et semble faire fi du protocole qui dicterait d'attendre que son prédécesseur ait fait ses adieux à la Maison-Blanche et au peuple américain. C'est comme si le nouveau locataire de votre appartement n'aurait pas attendu le premier juillet pour s'installer, repeindre les murs et refaire l'ordre des pièces, alors que vos meubles et vos boîtes y sont toujours.
Que dit-il, le nouveau président? Il souffle le chaud et le froid, c'est le moins qu'on puisse dire. Il y a quelques semaines, il semblait promettre un nouveau climat de détente et de paix et la fin de la compétition guerrière entre la Russie et la première puissance économique, et nous nous sentions soudainement rassurés. Mais voilà que l'instant d'après, il menace tout de go l'humanité avec une nouvelle course aux armements, en brandissant même l'arme nucléaire, et qu'il s'en prend à mots à peine couverts à la Chine et à la Corée du Nord.
Une chose semble certaine, l'héritage des huit années de Barack Obama sera détruit à grands coups de marteau. La dérogation de la loi sur le régime d'assurance-maladie, appelé Obamacare, sera la première mesure que se promettent de prendre les congressistes et sénateurs républicains. Mais il y aussi une autre action qui aura de graves répercussions sur notre santé et notre environnement : la dérogation des lois sur la protection de l'environnement. Alors qu'on annonçait tout récemment que la qualité de l'air à Montréal s'était considérablement améliorée au cours des dernières années, la réouverture (ou le maintien) des centrales au charbon au sud de notre frontière nous ramènera à la case départ.
En même temps, personne ne peut nier que les menaces faites aux entreprises qui désiraient délocaliser leur production au Mexique ou en Asie, par exemple, ont porté fruit. Celles-ci ont aussitôt annoncé qu'elles vont maintenir ou créer des emplois aux États-Unis, ce qui est le but recherché. Déjà Ford et General Motors ont fait part de leurs intentions d'investir et de demeurer sur place. Une autre entreprise, Carrier, qui fabrique des airs climatisés en Indiana et emploie mille travailleurs, a mis fin à son plan de déménager ses installations au Mexique. Ce sont des milliers d'emplois qui sont ainsi protégés à travers les États-Unis. Aucun Américain ne peut être contre. Le malheur des uns fera le bonheur des autres. Le Mexique devra s'y faire et repenser son économie en fonction de cette nouvelle donne. «Make America Great Again», a-t-il dit. Mais les autres pays tout autour?
Si Bombardier avait été obligée par le gouvernement du Québec de maintenir ses emplois au Québec en conditionnant l'octroi de sa subvention milliardaire au maintient des emplois ici, au lieu de s'installer plus au sud où prédominent les bas salaires, notre économie ne s'en porterait que mieux. Mais il ne faut pas conclure pour autant qu'il nous faut un Donald Trump au Québec. Non, juste un gouvernement qui a à cœur les intérêts de sa population, et non pas les intérêts des petits amis du parti au pouvoir.